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Corstyrène : l'isolation, pas l'isolement

L’industrie en Corse : hommes, machines et produits 3/5 – Une série d’articles coproduite par Corse Net Infos et Femu Quì


À l’occasion de l’augmentation de capital Femu Quì, destinée à convaincre entreprises et épargnants sensibles à l’investissement éthique de souscrire des actions à son capital, Femu Quì vous propose en partenariat avec Corse Net Infos une série de 5 monographies sur des entreprises industrielles insulaires. Contrairement à certaines idées reçues, la Corse a une tradition industrielle. Les 5 entreprises évoquées dans cette série en sont une illustration contemporaine.
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L'histoire de la société Corstyrène, c'est un peu celle du four à micro-ondes, dont l'invention fut le fruit de recherches... nullement destinées à le mettre au point à des fins domestiques.

En 1971, quand Even Guillot crée l'entreprise portant le nom de Société Corse d'Emballages Modernes  son objectif est d'offrir aux agriculteurs une alternative aux cagettes en bois dans lesquelles sont transportés - et un temps conservés - les fruits et légumes récoltés. Il se propose pour cela de fabriquer des barquettes en polystyrène, dont l'avantage est qu'elles seront légères, faciles à moduler et à stocker. A l'usage, ce type de conditionnement va toutefois révéler ses limites, à travers certains inconvénients liés, non pas à l'écrin, mais à la nature même des fragiles « bijoux » qui doivent y prendre place. Qu'à cela ne tienne : le matériau que l'entreprise fabrique déjà à une échelle relativement grande, va devoir trouver une autre « raison d'être ». Nous sommes au milieu des années 70 et le marché de la construction immobilière est en plein boum. Au niveau de la production, mais aussi de la conception puisque l'isolation thermique est devenue un enjeu de première importance. Le tournant que l'entreprise installée à Aleria va alors négocier, peut apparaître une aubaine. Mais cette forme de reconversion va avant tout résulter de la réactivité d'Even Guillot, et de sa capacité à profiter des circonstances, et du contexte né du « choc pétrolier ».

Devenue Corstyrène en 1977, son entreprise va alors résolument s'engager dans la voie ouverte par les nouvelles pratiques qu'il convient d'adopter dans la bâtiment. Pour lutter contre la déperdition de chaleur, et ainsi économiser de l'énergie. Précieuse et ô combien coûteuse. Le créneau est porteur, c'est inéluctable.
 
L'insularité, pas un handicap
 
La preuve : trois décennies et demie plus tard, Corstyrène compte parmi les entreprises phares dans sa spécialité. Au plan national. Mais pas seulement puisqu'elle a donné naissance,  en 1999, à une branche italienne en faisant fi, à nouveau, d'une situation géographique communément présentée comme un handicap : l'insularité.  Produire depuis la Corse n'ayant pas empêché la société de se développer de belle manière, c'est donc en Sardaigne qu'elle a installé son deuxième site, riche lui aussi de deux usines. Le tout représentant un personnel d'une centaine de salariés.
 
A la pointe de la technologie industrielle au niveau des appareillages de production, de transformation et de recherches (visant à améliorer sans cesse le niveau de ses performances), Corstyrène fournit ainsi en polystyrène expansé et autres isolants (pour cloisons, panneaux de toitures et fondations), les plus importantes marques internationales qui se partagent les  marchés du gros et du second œuvre. Mais l'une de ses filiales (Kallisté Bois Industrie) intervient aussi dans celui des charpentes en bois (traditionnelles et industrielles) que ce soit au niveau de la conception, comme de la production.
 
Une activité intense (plusieurs centaines de tonnes de matière première travaillée annuellement), qui fait forcément de Corstyrène l'un des poids lourds corses de l'exportation, à travers une gamme très large de produits d'isolation donc, mais aussi d'étanchéité, dont la conception résulte d'un processus industriel (moulage, découpe, collage, emballage) hyper sophistiqué et coordonné par une équipe de collaborateurs (ingénieurs et ouvriers) hautement qualifiés.
 
L'entreprise ayant le souci permanent de répondre à l'évolution des produits (dans ce marché en recherche constante d'innovations) c'est dans le cadre des investissements nécessaires à la modernisation de son outil de production, qu'est intervenu Femu Quì en 2011. Un opération de financement menée conjointement avec le FIP Corse Suminà.
 
Reconnu donc, hors des frontières naturelles de la Corse, comme l'un des plus beaux fleurons de son économie, Corstyrène n'a pas pour autant perdu de vue la dimension régionale de son activité, et satisfait ainsi à la demande d'un marché local dont elle reste un partenaire clé. Une enseigne qui contribue ainsi, à sa manière, au rayonnement de notre île, alors même que sa vocation est... d'isoler. Sa réussite illustrant toutefois, à merveille, la nuance fondamentale qui existe entre isolation et isolement.




 
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